Votre enfant obéit-il ?

Votre enfant obéit-il ?

Avec la croissance de l’enfant, les questions de l’entourage au sujet du sommeil sont délaissées au profit de celles sur l’obéissance.

Une nouvelle injonction sociétale qui se présente aux parents : la nécessité de savoir faire obéir un petit bout

Un individu est un continuum : il y a une continuité entre les valeurs qu’il intègre enfant et celle qu’il déploie en étant adulte.

Pourtant, il existe une bizarrerie extrême dans les attentes concernant un être humain selon son âge.

Un enfant devrait obéir car il est dominé par les adultes qui, eux, savent.
Ce culte de l’obéissance est extrêmement répandu et très peu remis en cause.
Pour obtenir ce conditionnement à l’obéissance, de nombreuses méthodes peuvent être utilisées : cris, menaces, tentatives d’inspirer la peur, culpabilisation, retrait d’attention, critiques, voire humiliations et violences physiques, …

Après avoir été conditionné toute son enfance, il y a fort à parier que devenu adulte, il devienne ce type de personne qui obéit au doigt et à l'œil aux figures d’autorité et qui appliquent des ordres sans réfléchir. Et on devrait logiquement s’attendre à ce que cette obéissance continue d’être valorisée socialement une fois adulte.

Et bien non, ce n’est pas le cas… On va, au contraire, regretter le manque de libre arbitre et mesurer les dégâts de l’obéissance en déplorant les résultats de l’expérience de Milgram par exemple. On va aduler des héros qui font preuve d’un courage hors norme, admirer celles et ceux qui résistent.

Il y a donc un immense gouffre entre les attentes sociales vis-à -vis des enfants et celles vis-à -vis des adultes. Des attentes totalement contradictoires de plus.

Il n’est pas rare non plus que des parents prônant l’obéissance infantile regrettent ensuite le manque de proximité, de dialogue, de complicité avec leurs enfants devenus adultes.

 

Comment les règles sociales peuvent-elles être intégrées sans recours à l’obéissance ?

La nécessité de “faire société” ne nous permet pas de faire ce qu’on veut quand on veut. C’est une réalité qui s’impose aux enfants comme aux adultes.
Nous sommes de vrais modèles à imiter pour les enfants.

La plupart des règles de vie en société sont intégrées par les plus petits en vivant des expériences avec les parents et en les imitant.

Voici pourquoi il est totalement contre-productif de demander quelque chose à un enfant et de faire soi-même le contraire. Les enfants en cela sont nos miroirs.

La présence et l’implication des familles sont donc les vrais leviers quant à l’acquisition de la vie en société. C'est pourquoi, la parentalité proximale qui propose de se mettre à la place de l'enfant pour mieux le comprendre permet à l'enfant d'assimiler les codes sociaux avec douceur, respect, empathie et compassion.

La parentalité bienveillante / positive / proximale / empathique est-elle une forme de laxisme ?

Le terme “bienveillant” est extrêmement fourre-tout et galvaudé. A tel point que des articles fleurissent aujourd’hui avec pour thème

Sommes-nous trop bienveillants avec nos enfants ?

Être un peu plus malveillant serait-il préférable ? ...

On en vient à se poser des questions qui n’ont aucun sens. C’est pourquoi le terme d'empathie nous paraît plus explicite. Le laxisme signifie ne pas intervenir pour guider l’enfant vers la bonne compréhension de ses attitudes.

Le conditionnement par la peur déresponsabilise, coupe la réflexion et donne l’illusion aux parents de gagner du temps. Avec l’exigence d’obéissance, on ne favorise pas le développement de l’autonomie et la construction de l’esprit critique. En cela, nous postulons que l’obéissance est une forme de laxisme, de paresse.

Contrairement à l’obéissance, l’empathie permet de développer la réflexion de l’enfant, le libre arbitre, le respect des autres, la construction d’une décision.

L’empathie implique de valoriser les intentions de l’enfant, ses actions, lui proposer des choix, dialoguer, lui expliquer le sens des règles, les conséquences de ses actes, …

S’intéresser à l’enfant, à ses capacités, ses compétences, se poser des questions sur la meilleure manière de lui transmettre un cadre, réfléchir sur ce qui est important et sur ce qui ne l’est pas : c’est tout sauf du laxisme. Cela demande du temps, de l’implication, de la réflexion. C’est choisir de créer un lien de coopération, un lien de confiance, sur le long terme, avec son enfant.

Il y a fort à parier que dans un avenir proche, la perception du droit des enfants va considérablement évoluer.

Nous n’oserions pas demander à notre conjoint, nos amis, nos collègues d’obéir sans réfléchir. Et pourtant, cela est socialement admissible vis-à -vis d’un enfant.

Comme il y a eu une prise de conscience concernant les violences et discriminations que subissent les femmes, il y aura un réveil de la conscience concernant les droits des enfants qui sont des êtres humains à part entière et qui méritent qu’on leur transmette le meilleur.

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